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Tirana, Albania. Date. Photograph by Sasha Lleshaj
Workshop in Brief

Un atelier pour étudiant·e·s aux cycles supérieurs en sciences sociales

29 janvier 2023: date limite pour soumettre une contribution

 

Février 2023: Sélection des participant·e·s 

 

14 mars 2023: atelier en personne à l'Université McGill

Quoi?
Un atelier pour construire une communauté autour des recherches de terrain

Ceci est un atelier d'une journée destiné aux étudiant·e·s des cycles supérieurs, organisé par des  étudiant·e·s, pour des étudiant·e·s. Cet atelier rassemble des apprenti·e·s chercheur·e·s des sciences sociales des quatre universités montréalaises qui: (1) ont fait de la collecte de données sur un (des) terrain(s) de recherche; (2) sont présentement sur le terrain en processus de collecte de données; ou (3) préparent leur terrain de recherche à venir. 

Format de l'atelier: quatre panels construits autour d'expériences de terrain, présentées en format papier ou tout autre médium de communication (ex.: vidéo, art visuel, etc.).

Les contributions peuvent être en français ou en anglais. Les panels seront organisés en fonction des préférences linguistiques des participant·e·s. 

L'évènement vise particulièrement les étudiant·e·s des cycles supérieurs (maîtrise et doctorat) et au post-doctorat, mais sera ouvert au public.

Pourquoi?
Le terrain reste une boîte noire

Le travail de terrain est au cœur des recherches en sciences sociales. Or, les étudiant·e·s manquent parfois de formation et adoptent une conception quasi « mythologique » du terrain, qui passe sous silence de nombreux défis qui y sont associés.  Alors que l'académie est aujourd'hui plus diversifiée tant en termes d'avenues de production des connaissances que des personnes qui l'habite, nous devons adapter nos formations à ces nouvelles réalités et perspectives: comprendre pourquoi les femmes et communautés racisées font face à des barrières particulières à la réalisation d'un « terrain réussi »;  s'intéresser aux défis éthiques de nos interactions avec les personnes sur le terrain ainsi que notre positionnalité, nos limites, nos traumatismes et notre bien-être émotionnel alors que nous réalisons ce type de recherches; insérer le travail de terrain dans un processus de recherche qualitative plus général, rarement linéaire, objectif, détaché du sujet de recherche, ou aligné aux présomptions et visions du monde des méthodologies quantitatives.

Les étudiant·e·s sont aussi « projeté·e·s » sur le terrain afin d'apprendre à faire de la recherche – un moment tant stimulant qu'exigeant. 

Au final, notre formation sur le travail de terrain est souvent réalisé à travers des travaux qui mettent l'emphase sur la réussite depuis le point de vue du présent, mais rares sont les moments où nos sommes guidé·e·s à travers les moments d'échec, de réflexion, de déraillement, de reconsidération et de virages qui s'imposent lorsque l'on entre en dialogue avec les expériences de vie des personnes rencontré·e·s sur le terrain.

Appel à
contributions

Date limite pour soumettre une contribution
01/29/2023
la mythologie du travail de terrain

Le travail de terrain est au cœur des recherches en sciences sociales. Or, dans certaines disciplines telles que la science politique, les académiques viennent tout juste de commencer à ouvrir la boîte noire du travail de terrain depuis une perspective critique (Kušić & Zahora 2020 ; Simmons et Smith 2021). Ce faisant, certaines présomptions qui sous-tendent la formation et la préparation au travail de terrain, ainsi que son rôle au sein du processus de recherche sont progressivement remis en question. Pourtant, malgré ces efforts encourageants, plusieurs mythes persistent au sein de nombreuses disciplines des sciences sociales concernant le terrain lui-même et le processus de « travail de terrain ». Ceux-ci limitent à la fois nos manières de concevoir le succès ou l’échec d’un travail de terrain, tout comme ils passent sous silence la question de l’importance du bien-être émotionnel du·de la chercheur·e durant ce moment.

 

Notre discipline souffre en outre d’un biais présentiste lorsqu'il est question du travail de terrain, une fois la recherche finalisée et publiée : le travail sur le terrain est soit présenté comme une simple étape du processus de recherche (x entretiens, y visites de sites de recherche, etc.), soit il est mentionné a posteriori, à l’aune de la réussite d'une recherche achevée où les pièges, les échecs, les défis et le désordre général du processus sont réduits à la clarté du résultat final. Au moment d’arriver sur le terrain avec une « proposition de recherche » approuvée par un jury doctoral, ce qui est censé nous offrir une voie rassurante à suivre peut au contraire agir comme une contrainte anxiogène.

 

Pour beaucoup d'entre nous, le « travail de terrain » n'est pas le type de lieu et d'espace auquel nous nous attendons, et notre relation avec lui est loin d’être linéaire. Nous supposons que le terrain est un « lieu » où nous nous « rendons » pour « collecter des données » et d’où nous « revenons », mais nous sommes au contraire confronté·e·s à des espaces multiples, qui se chevauchent, aux frontières floues et en perpétuel remodelage. Nos mouvements et nos transitions « dans » et « hors » du terrain ne sont pas aussi clairement définies, d'autant plus aujourd’hui avec les possibilités et limitations offertes par la poursuite de la recherche en ligne, à distance, dans une ère de pandémie. Les limites temporelles et spatiales du travail de terrain peuvent donc modifier radicalement notre idée de ce que constitue la recherche en sciences sociales. Elles peuvent nous amener à redéfinir l’« unité d'analyse » ou les « cas » de notre recherche sur lesquels nos efforts empiriques seront centrés, mais aussi notre ontologie et notre cadre théorique de départ.

 

Alors que l’on nous apprend à réfléchir au terrain en termes méthodologiques, notre expérience nous le fait ressentir, physiquement et émotionnellement. En nous concentrant sur l'intellectualisation du terrain, nous nous retrouvons souvent sans espace où canaliser, exprimer nos émotions et l'incarnation. Pourtant, nous constatons que nos sentiments de culpabilité, de perte, de nostalgie, de solitude, de peur, mais aussi d'excitation, de joie, d'ennui ou d'indifférence façonnent – bien davantage que ce qu’il est habituellement reconnu – la manière dont nous « donnons du sens » au terrain. Ces sentiments sont souvent piégés dans nos notes de terrain ou nos journaux personnels, mis à l'écart ou réprimés d'une manière qui peut devenir pesante, alors que nous apprenons à naviguer dans des espaces parfois violents, en particulier envers les minorités de genre, sexuelles, de classe et raciales. En tant que jeunes chercheur·e·s, nous pouvons parfois nous sentir dépourvu·e·s des outils nécessaires pour intégrer et comprendre nos inconforts, confusions, rejets et aversions que certaines expériences vécues lors de la collecte de données peuvent provoquer, même lorsqu’il ne s’agit que d’un entretien. Même en priorisant notre bien-être et notre sécurité, nous sommes confronté·e·s à une pression invisible de « faire face à nos peurs » et d’accéder des espaces, personnes ou situations qui les compromettent.

Call for contributions
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Protest "8 de marzo". San Miguel de Tucumán. Photograph by Rose Chabot. 03/08/2022.

expériences sur le terrain objectifs de l’atelier

En tant qu'étudiant·e·s des cycles supérieurs se trouvant à différentes étapes de leur recherche (encore sur le terrain, en processus d'écriture, ou dans la phase finale de la rédaction de la thèse), nous ressentons le besoin de partager nos expériences et de réfléchir collectivement à l'écart entre, d’un côté, les attentes (tirées de notre formation, ou de son absence) et, de l’autre, notre propre expérience de terrain.

 

Issu de conversations entre ami·e·s et collègues, l'atelier s'adresse aux étudiant·e·s de cycles supérieurs en sciences sociales, issu·e·s d’orientations épistémologiques tant interprétatives que positivistes. Cette conversation, organisée autour de panels et de tables rondes, entend nous permettre d’identifier des expériences et des défis communs et de réfléchir à des pistes pour améliorer la manière dont nos disciplines traitent le travail de terrain et forment les étudiant·e·s.

 

De manière générale, nous souhaitons que l’atelier serve d’espace de discussion pour normaliser le désordre du travail de terrain et pour travailler collectivement sur des stratégies permettant d’embrasser sa « vraie nature ». En particulier, nous visons à offrir un espace aux étudiant·e·s provenant de disciplines des sciences sociales dans lesquelles le travail de terrain n’occupe pas une place centrale, telles que la science politique, l’économie, ou la géographie. Si l’espace nous le permet, nous allons aussi considérer les propositions d’étudiant·e·s en sciences humaines qui font du travail de terrain.

thèmes suggérés (liste non exhaustive)

- Positionnalité sur le terrain : Qui est l’« outsider » ? Qui est l’« insider » ? Comment le fait de « ne pas être d’ici » ou « être d’ici », appartenir au groupe ou non, façonne-t-il nos expériences sur le terrain ? 
 

- Processus et séquence : devrions-nous repenser la manière dont nous abordons le processus de recherche, généralement en différentes « étapes » de « collecte », « analyse » des données, puis « rendu » via la rédaction ? Comment les hypothèses de linéarité façonnent-elles (et limitent-elles ?) l’expérience du·de la chercheur·e et sa recherche ?
 

- Destruction, déconstruction, reconstruction : comment faire face aux défis épistémologiques et ontologiques que posent le travail de terrain ? Quelles tensions émergent lorsqu'un·e chercheur·e change sa vision du monde sur le terrain ? Quel rôle joue une proposition de recherche dans un processus qui est inévitablement amené à changer ? 
 

- Approches critiques, féministes et décoloniales : Alors que l’urgence de décoloniser les sciences sociales est de plus en plus reconnue dans nos disciplines, comment les virages épistémologiques et méthodologiques nécessaires pour y parvenir sont-ils vécus en pratique ? Pouvons-nous, en tant qu’étudiant·e·s-chercheur·e·s, atténuer les inégalités de pouvoir dans nos interactions sur le terrain ? De quelles façons pouvons-nous les reproduire à travers nos pratiques, par inadvertance ? 
 

- L'éthique sur le terrain : Comment une procédure éthique « déductive » se heurte-t-elle à la réalité du terrain et à la complexité des relations humaines ? Comment s'assurer que notre recherche est réellement équitable et éthique ? Quel rôle joue la confiance dans un processus de recherche éthique ? Comment concilier les procédures éthiques institutionnelles avec les différentes visions du monde sur ce qui est éthique une fois sur le terrain ? En quoi les certificats éthiques conçus au sein d’institutions et de traditions juridiques spécifiques entravent-ils ou aident-ils le travail de terrain ?
 

- Rôle du hasard dans les découvertes, chance, malchance : comment pouvons-nous donner un sens au hasard sur le terrain ? Comment devrions-nous traiter les rencontres inattendues que nous faisons sur le terrain, sur le plan épistémologique, méthodologique et théorique ? 
 

- Les émotions sur le terrain : Comment les émotions affectent-elles le processus de recherche ? Comment les émotions peuvent-elles être intégrées à notre approche méthodologique ? Comment d'autres disciplines telles que les études féministes, études postcoloniales, etc. ont-elles contribué·e·s à cette discussion et comment pouvons-nous emprunter à ces approches ?
 

- La santé mentale sur le terrain : Comment le terrain peut-il affecter la santé mentale des chercheur·e·s ? Quels aspects de nos formations pourraient être améliorés pour mieux préparer les étudiant·e·s à faire face à ces défis ? Alors que les discussions sur le bien-être et la santé mentale se multiplient dans le milieu universitaire, quels sont les angles morts qui reproduisent encore des habitudes toxiques et des tabous dans notre domaine?
 

- Définir « le terrain » : Le terrain est-il une unité d’expérience ?

Event info

Atelier

Où?

Université McGill (Campus Centre-Ville)

Quand?

14 mars 2023

Organisatrices

Cet atelier est organisé par deux candidates au doctorat en science politique de l'Université McGill: 

Sashenka Lleshaj (sashenka.lleshaj@mail.mcgill.ca) et Rose Chabot (rose.chabot@mail.mcgill.ca).

Financement

Ce projet est soutenu par les études supérieures et postdoctorales de l'Université McGill par le biais du Fonds d'engagement étudiant, l'Équipe de recherche sur l'inclusion et la gouvernance en Amérique latine (ÉRIGAL) et par le Département de science politique de McGill.

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